La statue de Notre-Dame d’Afrique a traversé la Méditerranée, offerte dans les années 60 par l’évêque d’Alger à la communauté Pieds-Noirs de Carnoux-en-Provence. Comme elle, l’évêque auxiliaire de Marseille, Mgr Jean-Marc Aveline, est arrivé en métropole par la force de l’Histoire. Né à Sidi-Bel Abès (Algérie) en 1958, il découvre la banlieue parisienne en 1962, avant que sa famille ne se fixe à Marseille, quatre ans plus tard.
Vierge de métal noir, habillée de somptueux vêtements, elle a « peu à peu, (…) posé sur nos mémoires déchirées le baume apaisant de la réconciliation » a relu Mgr Aveline en conclusion de la bénédiction de la plaque par Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et Président de la Conférence des évêques de France, le 24 avril dernier.
Carnoux, village prophétique
« Nous pouvons (…) témoigner qu’est possible une fraternité entre chrétiens et musulmans, comme lorsque nous vivions ensemble sous le soleil généreux de Constantine, d’Oran ou d’Alger » assure-t-il. Pour lui, Carnoux est aujourd’hui « plus qu’un village » : « un message d’espérance et de fraternité ». L’évêque d’Alger, ne fit-il pas écrire, en 1872, sur les murs de l’abside de la basilique « Notre-Dame d’Afrique, priez pour nous et pour les musulmans » ?
Pour le Père Bernard Lucchesi, curé de la paroisse depuis 2005, les nombreux récits de ses paroissiens évoquent aujourd’hui le martyre des chrétiens d’Orient.
C’est donc à Carnoux, où les Français venus du Maroc puis d’Algérie, et même de Tunisie ont dit « oui » à une nouvelle vie, que Mgr Pontier présidera les célébrations de l’Assomption – messe à 11h, vêpres à 15h et procession. « Sous le signe de l’espérance » promet le P. Lucchesi.
Le 26 mars 1966, avec la bénédiction de l’église de Carnoux-en-Provence, se concrétisa le « oui » du Comité fondateur de l’église Notre-Dame d’Afrique, constitué de rapatriés français du Maroc et d’Algérie, les Pieds-Noirs.
Ce « oui » forgé dans l’épreuve, la souffrance et l’humiliation et en même temps le « oui » de la foi, de l’espérance et de la vie.
Leur « oui » est celui de toute une population habitée par le triple « oui ». Celui du Créateur qui ordonne le monde pour la vie et le bonheur. Le « oui » du Fils de Dieu, Jésus Christ, au sommet de la Croix qui nous apprend que l’amour permet de se sacrifier pour sauver l’humanité. Enfin, le « oui » de la Vierge Marie à l’archange Gabriel, dès lors tout homme est associé au dessein de salut des hommes par Dieu.
Que ce « oui » des pionniers de Carnoux-en-Provence, incarné dans l’édification de cette église, se perpétue de génération en génération !